Quand nous sommes prêt à régresser

Apparition, hallucination, mirage, vision : tout, dans le coup de foudre, renvoie à la vue. Normal, affirment les psychanalystes, qui rappellent d’ailleurs que dans d’autres langues, l’expression de cette expérience se nomme « l’amour au premier regard ». Pour Roland Gori, le coup de foudre, c’est d’ailleurs « l’instant de voir ce qu’est la passion ». Notre oeil est capturé par ce que l’autre nous présente et notre raison chavire. Marie-Jean Sauret insiste sur le fait que cela arrive à des personnes pour lesquelles le désir passe par le regard : « L’apparence de l’autre joue le rôle d’un voile qui fait promesse d’un trésor si nous sommes capable de le soulever. »

Quand Martin se penche sur ses coups de foudre, il se souvient que « c’est toujours quelque chose dans leurs yeux qui m’a attiré ». Parfois c’était un défaut, un petit tic, et s’il cherche un point commun entre elles, chacune avait les yeux clairs, se rappelle-t-il.

Dans l’expérience du coup de foudre, Didier Lauru lie, lui, le regard à la toute petite enfance. Il frapperait, selon lui, plus particulièrement ceux qui sont en résonance psychique avec l’intensité des premiers regards échangés entre nous et notre mère (ou avec ceux qui nous ont chéris et aimés) quand nous étions nourrisson : « Tout cela ne relève pas de la volonté. C’est totalement inconscient. Dans cette aventure, nous régressons tout à coup, très très loin, très très vite. Pourquoi ? Parce que nous retrouvons des coordonnées, pas forcément physiques d’ailleurs, en rapport avec le regard ou certains traits maternels ancrés au plus profond de nous. C’est évidemment déroutant parce que cela nous dépasse. »

Nous sommes bouleversé, renversé parce que nous revivons la force des premiers échanges, la fascination, la découverte, la curiosité dévorante qui nous habitent en venant au monde. Comme si le coup de foudre donnait accès à une forme de « re-naissance .