On ne se force pas mais on s’efforce d’y penser
Une fois les causes de cette baisse du désir identifiées, la première chose à faire selon le sexologue est de prendre du temps pour retrouver cet état d’esprit propice aux fantasmes et à l’envie. « Lors d’une rencontre, l’imaginaire se met en place de lui même, on pense à l’autre, à ce que l’on aurait envie qu’il nous fasse, à la façon dont on voudrait le ou la toucher, etc. Lorsque cette période d’excitation s’est émoussée, le meilleur moyen de la retrouver est de réactiver ces pensées en s’accordant à nouveau du temps qualitatif de sensualité de couple ».
« Cela implique parfois de changer un peu ses habitudes », témoigne Matthieu, 40 ans, marié depuis 15 ans. « Lorsque nous avons réalisé que nous ne nous endormions plus jamais ensemble parce que je surfais sur le net tous les soirs jusqu’à épuisement, nous avons décidé de bannir les écrans, au moins trois jours par semaine », raconte-t-il. Progressivement, confie Matthieu, sa femme et lui ont repris une activité sexuelle qui avait quasiment disparu.
Attention, prévient Albert Barbaro, retrouver le désir nécessite un engagement à deux et d’y consacrer de l’énergie. Sans pour autant « se forcer »: « Certes, plus on le fait, plus on a envie de le faire. Mais on ne fait pas revenir l’envie en se contraignant à un acte sexuel mécanique et sans plaisir. Se forcer, non, s’efforcer de réveiller l’imaginaire, oui! »
On crée le manque
« Paradoxalement, pour mieux se retrouver, rien ne vaut un peu de manque », poursuit Albert Barbaro. Un constat partagé par Emilie, 38 ans. « Ma vie sexuelle a connu une seconde jeunesse il y a deux ans lorsque mon conjoint a été envoyé en mission à Londres durant trois mois. Il ne revenait que les week-ends et soudain, j’ai réalisé qu’il ne m’était pas acquis. Durant la semaine je me suis mise à fantasmer sur lui, ce qui ne m’était plus arrivé depuis belle lurette! »
On fait rêver l’autre
Faire renaître le désir ne passe pas forcément par l’achat pour madame d’une guêpière rouge ou d’un tas de sex-toys plus délirants les uns que les autres, mais plutôt par quelques subtiles suggestions. Ainsi, Albert Barbaro propose par exemple de glisser à son conjoint le matin en partant que l’on a mis ces dessous qu’il aime tant, « quitte même à les lui montrer furtivement, histoire que l’idée fasse son chemin dans la journée ». Dans le même esprit, il n’est pas interdit d’envoyer quelques textos tendres ou plus explicites. D’une manière générale, « tout ce qui peut stimuler l’imaginaire érotique est bon à prendre ».
On se déguste
Les couples qui ne font plus l’amour oublient souvent de se toucher. Or le désir, s’il s’intellectualise, passe également par le contact physique, souligne Albert Barbaro. Des contacts qui ne doivent pas pour autant être forcément « des caresses génitales ». « Il faut ré-apprendre à déguster la sexualité, à créer un peu de frustration ». Le sexologue invite ses patients « à ne pas passer outre des moments de tendresse, qui peuvent s’érotiser sans qu’il y ait nécessairement de rapport à la clé ». Jusqu’à ce que brûlant de désir, une caresse en entrainant une autre…