Le besoin physiologique de sexe n’existe pas
« Marc et moi sommes très amoureux, très en phase dans la vie, confie Alice, 34 ans, en couple depuis quatre ans. Mais depuis quelques mois, alors que j’aurais tendance à avoir davantage besoin d’affection, de câlins, lui a besoin de faire l’amour régulièrement pour se sentir épanoui et déstressé. » Le besoin de faire l’amour. Une idée reçue qui revient fréquemment pour justifier l’idée selon laquelle les hommes, plus rarement les femmes, auraient physiologiquement besoin d’avoir des rapports sexuels réguliers, sous peine de souffrir de frustration.
« Nous savons aujourd’hui, de façon scientifique et incontestable, que le besoin sexuel n’existe pas, affirme Philippe Brenot. C’est une idée complètement fausse. Un homme peut tout à fait être abstinentpendant plusieurs semaines, plusieurs mois, plusieurs années, sans qu’aucune anomalie, aucun dysfonctionnement érectile ne survienne. »
Cela ne balaie pas pour autant le concept même de frustration, mais celui-ci est d’un ordre différent. « La frustration que l’on peut ressentir lorsque nos désirs sexuels ne sont pas assouvis est psycho-affective, explique Alexandra Hubin**, sexothérapeute et fondatrice de la Sexologie Positive. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la masturbation ne la comble pas. Elle peut l’apaiser, temporairement, mais ne viendra jamais remplacer un désir de donner et de recevoir de l’amour, de vivre un moment d’intimité intense avec son ou sa partenaire. »
L’hypoactivité du désir sexuel, une souffrance
Créatrice du site SexySoucis.fr, Diane Saint-Réquier, animatrice de prévention et férue de sexologie, constate que les personnes qui la contactent via son site sont souvent celles, hommes ou femmes, qui sont dans la position d’avoir le désir le moins prononcé dans leur couple. « C’est une problématique parmi les plus fréquentes. Les femmes me racontent qu’elles souffrent de se forcer à avoir des rapports non désirés parce qu’elles se sentent encore, d’une certaine façon, soumises à cette vieille et terrible idée du ‘devoir conjugal’. Elles se disent mises sous pression par leur partenaire, parfois mises en accusation d’une forme d’anomalité. Du côté des hommes, le fait d’avoir une libido moins forte que celle de leur partenaire peut provoquer un fort sentiment de honte. La plupart le vit comme une atteinte à ce que devrait être, dans leur esprit, leur masculinité. »