– Quel est le lien entre le sentiment amoureux et la notion de fidélité ?

Virginie Ferrara. Le sentiment amoureux et la fidélité vont en général de paire et constituent l’élément fondateur du couple. La recherche de l’amour passe souvent par une recherche de l’homme ou de la femme idéale dans un schéma œdipien. L’homme ou la femme va tenter, inconsciemment, de trouver un partenaire en partie identique à l’image du père ou de la mère. Ce qui peut poser certains problèmes par la suite. Les individus peuvent avoir l’impression de vivre une relation incestueuse et créer alors un clivage entre « la mère » (sa partenaire) et la « putain » (sa maîtresse) et devenir infidèle.

– Pourquoi trompe-t-on ?

Virginie Ferrara. Une fois ce clivage installé entre « la mère » et « la putain » l’homme ne va plus pouvoir assouvir ses besoins et envies sexuels avec sa femme. Il va ainsi se tourner vers des maîtresses voire des prostituées. La femme aussi peut créer un clivage entre « le père » et « l’amant » et ainsi jouer le rôle de la mère avec son partenaire et chercher du plaisir sexuel avec un autre homme.On rencontre aussi ce qu’on appelle le « Donjuanisme » : l’homme va aller chercher dans les bras d’une autre un amour impossible à combler. On retrouve ce cas de figure lorsqu’enfant l’individu a manqué d’estime de la part de ses parents ou a vécu un abandon. Mais il ne va pas forcément passer à l’acte. Ce qu’il recherche c’est surtout le désir de la conquête et non la possession du corps. Lorsque le couple ne communique pas suffisamment et qu’il se retrouve dans le tourbillon du quotidien (travail, corvée ménagère, fatigue), l’un des deux individus va faire des appels de pied et essayer de faire comprendre ses envies, ses besoins ou son mal être à l’autre. Mais ce dernier, incapable de recevoir ces signaux, va inconsciemment pousser l’autre à le tromper.

LE POINT SUR L’INFIDÉLITÉ AVEC CHARLOTTE LE VAN*, DOCTEUR EN SOCIOLOGIE

– Comment l’infidélité est-elle perçue en France aujourd’hui ?

Charlotte Le Van. L’infidélité est très mal perçue aujourd’hui. Les Français sont même plus intransigeants face à l’infidélité que dans les années 80. Alors qu’il y a une tendance croissante à tolérer l’homosexualité, la prostitution ou encore l’euthanasie, l’infidélité et la seule notion qui est décriée et condamnée encore plus violemment qu’il y a quelques années.