– Peut-on à la fois être amoureux et infidèle ?
Charlotte Le Van. On peut tout à fait être amoureux et tromper son ou sa conjointe. Deux grands types d’infidélité sont identifiables : l’infidélité relationnelle, la plus répandue, qui se caractérise par une quête de ce qu’on ne trouve pas ou plus dans son couple avec d’autres partenaires. L’infidélité personnelle quant à elle renvoie à des individus qui sont infidèles « chroniques » ou « par principe ». L’infidèle « chronique » peut très bien être amoureux mais avoir des aventures éphémères qui sont pour lui inévitables. Souvent ce type d’infidèle a des comportements addictifs (alcool, tabac) et ne peut s’empêcher de multiplier les relations extraconjugales tout en étant amoureux de son ou sa partenaire. L’infidèle « par principe » se vit comme un hédoniste qui veut profiter des plaisirs de la vie. Il préfère être fidèle à ses principes plutôt qu’à la personne qui partage sa vie. Deux infidèles « par principe » peuvent vivre ensemble, être heureux et amoureux tout en ayant différents partenaires sexuels. C’est le cas des couples échangistes ou des libertins par exemple.
- Y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes face à l’infidélité ?
Charlotte Le Van. L’infidélité féminine est encore plus mal perçue que celle des hommes. Dans la conscience collective, lorsque la femme trompe elle engage forcément des sentiments et met donc en péril son couple et son foyer alors que c’est totalement faux. J’ai rencontré des femmes qui de part leur parcourt difficile (abus sexuels ou maltraitances) dissocient sans problème le sexe des sentiments. Elles peuvent avoir une relation d’un soir parce que l’occasion s’est présentée sans tomber amoureuse. Mais cette réprobation de la part de la société a fait son chemin c’est pour cela que la culpabilité est plus importante chez la femme que chez l’homme lorsqu’il y a adultère.
* « Les quatre visages de l’infidélité en France, une enquête sociologique », éd. Payot.
TÉMOIGNAGE : LAURE, 26 ANS, EN COUPLE
« Je ne suis pas devenue infidèle par hasard. Un an après l’avoir rencontré, mon mec est parti vivre à l’étranger, on arrivait à se voir tous les quinze jours, trois semaines. J’ai réussi à tenir une année à ce rythme. Mais lorsqu’on est jeune et qu’on désire croquer la vie à pleine dents, il devient difficile de ne pas succomber à la tentation. Un jour, j’ai dit oui au coup d’un soir. C’est le point de départ de mon infidélité chronique. La situation m’a excitée tout de suite. Cet homme était au courant de ma situation, lui était célibataire, on était d’accord sur le même point : s’envoyer en l’air. Le principe était « quand on veut, quand on peut ». Tout à coup, j’existais à nouveau sexuellement. Je me sentais désirée. Puis, il a rencontré quelqu’un, on a arrêté cette relation. C’était le deal de départ. Je me suis mise en quête d’un nouvel amant. Je vivais avec mes « plans cul » ce que je ne pouvais pas vivre avec mon mec qui était loin. On couchait dans des endroits insolites, ils m’emmenaient dans des hôtels. Je prenais mon pied avec l’excitation en plus. L’excitation d’une situation nouvelle à chaque fois. Une fois, un de mes amants est tombé amoureux, moi je ne l’étais pas, j’ai coupé court à cette relation. A aucun moment, je n’aurais quitté mon mec. Je l’aimais. »
JULIEN, 40 ANS, MARIÉ, DEUX ENFANTS
« Une chose est certaine, si je trompe ce n’est pas pour le fameux « je vais chercher ailleurs ce que je n’ai pas chez moi ». Dans mon cas, il y a d’abord un point de départ fondamental : je suis coquin, très coquin. Une fois dit ça on fait quoi ? Je suis marié, ça aurait pu me calmer, m’assagir ? Mais non… Je suis heureux dans ma vie mais voilà j’ai besoin de plus, plus de frissons, de piment, de partenaires… J’ai ce besoin irrésistible de vouloir regoûter à la « première fois », ce besoin de séduire, le premier baiser, les premières caresses, les premiers ébats, tous ces moments qui se conjuguent au passé quand ta vie devient très rangée, routinière.
C’est peut être aussi un moyen de se dire qu’on ne vieillit pas, que la première fois c’est quelque chose qu’on peut redécouvrir à tout moment de sa vie. C’est en moi, c’est ainsi, j’ai ce besoin d’adrénaline, de frissons et de plaisirs, j’en connais les risques, je les assume, je veux vivre et assumer tout simplement en grand coquin que je suis.L’extraconjugal me permet aussi de découvrir des aspects non explorés dans le passé, faire des bêtises dans des lieux insolites, avoir plusieurs sex-friends, ici et là en fonction des disponibilités. Je ne cherche pas l’amour, ou une vie parallèle faite de sentiments. Je veux profiter, prendre beaucoup de plaisir. Je suis ainsi… ».