La charge des amazones marocaines contre le poids de traditions sexistes

maroc-amazones-de-fantasia-menent-charge-contre-traditions-sexistes-2_02Maroc : les amazones de la fantasia piétinent les stéréotypes

C’est aussi de battre les hommes à leur propre jeu qui rend ces femmes fières. Alors qu’ils s’insurgent devant « l’insulte » que représente cette entorse à la tradition, les femmes s’entêtent à les défier. « Les hommes n’acceptent pas l’idée que la fille monte à cheval. Mais les femmes insistent toujours pour relever le défi et prouver leurs compétences et concurrencer les hommes », confie à Aujourd’hui Le Maroc Mounia Taârabet, chef d’un groupe de fantasia dans la région de Khémisset. Dans un pays où beaucoup d’interdits sociétaux et religieux pèsent encore sur les femmes, la fantasia est devenue pour elles un moyen de revendication, une belle manière de prouver qu’elles valent autant que les hommes.

C’est d’ailleurs ce qui a poussé Amal Ahmari, une femme berbère , vers la pratique de la fantasia. « Je n’avais jamais vu de femmes participer à une fantasia. C’était un challenge », explique-t-elle au New York Times. « Et j’adore les challenges », admet-elle dans un large sourire. Elle a pris la tête d’un groupe d’amazones qui défient la tradition en galopant à bride abattue. Si les fantasias ont souvent lieu durant des fêtes, à la fin des mariages ou pour célébrer une naissance par exemple, ce sont avant tout des compétitions. Deux équipes s’affrontent et sont départagées par un jury en fonction de la synchronisation des coups de feu et de la coordination du groupe. Les coups de feu sont tirés à balles réelles, et le moindre faux geste peut occasionner une blessure mortelle : il n’y a pas de place pour l’amateurisme. Avant chaque compétition, les femmes du groupe d’Ahmari s’embrassent « au cas où c’est notre dernier jour », et les mères mettent de la terre sur les bottes des cavalières, pour les protéger.

Mais elles ne semblent pas avoir besoin de chance : elles furent le premier groupe féminin à gagner une compétition contre des hommes. Et ces intrépides cavalières n’ont cessé de confirmer cette victoire, en écrasant à plusieurs reprises les équipes masculines. Un point négatif subsiste cependant : malgré les victoires d’Ahmari, les femmes ne peuvent toujours pas participer au championnat national qui se déroule chaque année au Maroc . Mais on n’a pas fini d’entendre parler des amazones des fantasias, qui piétinent allègrement les traditions et les stéréotypes qui les entravaient.