INFIDÉLITÉ: LE BESOIN D’ÊTRE DÉSIRÉ

MC: Payer, c’est moins tromper?En chœur (sauf un) : Oui.

Olivier: Pour moi, c’est comme si j’allais tout seul au cinéma ou jouer au tennis. C’est un truc que je fais pour moi et qui n’enlève rien à personne. Une séance de kiné…

Marc: C’est franchement pas mon truc, mais il a raison. Finalement, une call-girl a juste un rôle amélioré par rapport à ma coiffeuse qui me fait un massage capillaire…

Alex: C’est ce que pensent pas mal de copains. Avec Internet, c’est facile. Juste un one shot, avec une bombe, qui ne met pas le couple en danger. Et ce n’est guère plus cher qu’une séance de drague… Ils ne considèrent pas ça comme de l’infidélité. Moi je ne suis pas d’accord du tout!

Olivier: Mais quand c’est juste le sexe qui ne va plus avec ta femme…

Alex: Moi je pars.

Stéphane: Comme, moi, ce qui me fait craquer c’est la séduction, je ne vois pas trop l’intérêt. A chaque fois que j’ai fait des entorses aux contrats, c’était pour une plongée vers l’inconnu, une histoire nouvelle, une promesse de voyage.

Marc: Moi, ce n’est même pas la performance sexuelle que je cherche, alors une pro… Il se trouve que c’est avec ma femme que je baise le mieux. Rien de tel qu’un corps qu’on connaît par cœur… Ce qui peut me faire craquer, je l’ai compris, c’est le regard neuf qu’une inconnue peut poser sur moi.

Alex: Oui, son désir. Mais les pros savent très bien t’offrir tout ça aussi, paraît-il…

MC: Au fond, c’est le besoin d’être désiré comme au premier jour qui pourrait tous vous faire craquer…

Marc: Oui. Dans ma passion de l’année dernière, je crois que l’étincelle a été ce regard de jeune fille. Un regard neuf qui me découvrait comme celle avec qui je vis depuis plus de dix ans ne peut plus me voir. Elle me renvoyait une image de moi, fausse sans doute mais très satisfaisante pour l’ego. Une curiosité de moi, une soif de moi… Il y avait longtemps que je n’avais pas éprouvé ça.

Alex: C’est peut-être un truc maternel qu’on recherche et qui nous fait craquer, quand on ne l’a plus dans le couple. En fait, il n’y a pas de femme « fatale». A part pour l’ordre établi… Même celles qui sont super-fatales dans leur façon de séduire, au fond, sont sécurisantes quand elles se laissent séduire et qu’elles veulent de toi.

MC: Pensez-vous que c’est le premier pas qui compte et qu’une infidélité est une porte ouverte à toutes les autres?

Marc: Pas sûr. Ce que j’ai vécu l’année dernière m’a suffi largement. Je suis passé dans la lessiveuse des lessiveuses… En plus, ma femme a été tellement classe! Elle a tout découvert via mon portable mais est restée très digne, a attendu que «ça passe» et ne me ressort pas ma «faute» à tout bout de champ. C’est peut-être elle, la gagnante…

 

Alex: Mais c’était une histoire d’amour. Quand l’infidélité est purement sexuelle, c’est différent. On regoûte à l’ardeur des débuts et on peut devenir accro et multiplier les aventures.

Olivier: Sauf si ta femme se réveille. Elles ont parfois des antennes…

Marc: En fait, c’est difficile d’être un couple : aujourd’hui, la société est moins contraignante; essayer de rester à deux, c’est un choix. Avec ma femme, nous savons que nous avons traversé une zone de turbulence, qu’on essaie de continuer la croisière et qu’on est tous les deux au moteur. Je ne suis pas du tout un apôtre du dialogue, mais pouvoir parler de tout ça, c’est bien. C’est déjà un triomphe sur le silence, sur la faiblesse. Ça permet aussi de quitter la route et de revenir sans culpabilité. De rester fidèle, au moins à soi-même.