Est-ce une addiction comme les autres ?
Il s’agit d’une addiction comportementale, elle fonctionne sur le même schéma et a les même manifestations qu’une addiction à la drogue ou à l’alcool. Il s’agit du même processus que pour l’addiction à n’importe quelle substance. Ici le sexe remplace une autre drogue.
Est-il possible de dresser un portrait robot du sex addict ?
Il n’y a pas de profil type du sex addict même si cette pathologie est plutôt masculine (elle concerne 3 hommes pour 1 femme).
Les hommes sex addicts ont entre 20 et 60 ans et vivent la plupart du temps en couple (mariés ou en concubinage). Ils ont le plus souvent un enfant et sont issus de toutes les classes sociales.
Les femmes sex addicts ont plus généralement la quarantaine, sont mères célibataires ou fraîchement divorcées. Elles redécouvrent une nouvelle sexualité par le biais, principalement des réseaux sociaux.
Sait-on d’où vient cette addiction ?
Cette addiction est polysectorielle.
Le sex-addict subit une vulnérabilité personnelle et psychologique. S’il est mis en contact avec le produit de son addiction : le sexe, cela peut déclencher chez lui une pulsion.
Quelques facteurs génétiques peuvent entrer en ligne de compte également. On peut remarquer dans l’histoire des patients qu’ils ont le plus souvent eu un intérêt pour les supports érotiques assez précocement… mais cela n’est pas forcement significatif.
Il est important de noter que l’on ne retrouve pas de cause dans l’enfance des sex-addicts (pas d’abus sexuels, pas de comportements sexuels déviants).
Est-ce une maladie et si oui, est-il possible de la soigner ?
Oui, il s’agit d’une maladie, il y a d’ailleurs une consultation spécialisée au sein de l’hôpital.
Un programme de soin peut être mis en place. Ce programme comprend :
- Une thérapie comportementale.
- La prescription de médicaments anti-dépresseurs afin de réduire les pulsions et faire baisser l’anxiété.
- Une thérapie de couple ou une thérapie analytique.
Le traitement se déroule sur une durée de 12 mois et si une abstinence totale n’est pas visée, on attend un retour à une sexualité normale où le patient retrouvera un nouveau répertoire social et sexuel et redécouvrira le plaisir dans ses relations sexuelles.
Les sex-addict sont-ils dangereux ?
Non, le sex-addict n’est pas un danger pour les autres. Dans les consultations, on peut noter que tout est toujours fait dans la légalité. On observe ni agression sexuelle, ni harcèlement sexuel. Les seuls risques observés sont ceux, pour le malade, de se retrouver dans des réseaux de pédophiles lors de téléchargements illégaux sur internet.
Merci à Laurent KARILA
Psychiatre et addictologue
Hôpital Paul Brousse – Villejuif
Pour aller plus loin :
On ne pense qu’à ça
Michel Reynaud et Laurent Karila
Ed. Flammarion