Ils idéalisent le sexe de la femme

Le chemin est donc encore long avant que l’homme et la femme se placent sur un pied d’égalité lorsqu’il s’agit du septième ciel. Mais, la nouveauté, c’est que là où ils n’avaient avant que des certitudes, aujourd’hui, les hommes s’interrogent. « Ils commencent à parler entre eux », note Bernard-Élie Torgemen, qui en juge au travers de ses groupes d’hommes.

« Et ce qui me frappe lorsqu’ils se donnent l’autorisation de parler, c’est que la quintessence du masculin, c’est finalement la tendresse et une grande fragilité. » La preuve en est la façon idéalisée dont ils parlent du sexe féminin.

Répondant à la question « Comment percevez-vous le sexe de votre partenaire ? », 88 % des hommes le jugent « beau », bien au-delà de l’opinion qu’ils ont de leur propre sexe, qui, lui, l’est à seulement 71 %. 87 % lui trouvent « bon goût ». Surtout, les hommes sont intarissables : certains le comparent à une « adorable fleur » ou le qualifient d’« endroit magique et respectable ». D’autres lui trouvent une « saveur citronnée », une « odeur enivrante », et la plupart déclarent sans ambages aimer le lécher.

« Cela traduit la grande importance que revêt cette nouvelle et libre intimité des hommes avec le sexe de leur partenaire », analyse Philippe Brenot. En effet, le sexe oral a longtemps été tabou. Cette enquête témoigne d’une profonde évolution des moeurs et des comportements amoureux au cours des trente dernières années.

Cette adoration, si elle ne peut que réjouir les femmes, traduit parfois néanmoins une idéalisation presque paralysante. « Les hommes sont devant le sexe de leur compagne comme devant l’autel d’un temple, décrypte le psychiatre et sexologue, comme si c’était la clé de tout. »

Cette idolâtrie peut même renvoyer, glisse Bernard Élie Torgemen, à une « peur de la dévoration, une angoisse de la castration qui remonte à la petite enfance ». D’où le rôle primordial des préliminaires, rappelle ce dernier, qui permettent de prendre le temps de se regarder, de s’explorer et de se connaître.