La femme a fait semblant de ne pas m’entendre. Elle a baissé les yeux sans répondre. J’ai alors réitéré ma question. Elle a du coup à nouveau levé les yeux pour réagir d’une façon qui manifestait une certaine irritation. Elle avait un regard des plus étranges.
Elle a murmuré : « Bon sang ! »
« Pourquoi est-il endormi ? » ai-je dit en haussant le ton.
Derrière moi, quelqu’un a mis la main sur mon épaule. Je me suis retourné. Un vieil homme me regardait avec désapprobation : « Que voulez-vous d’elle ? Vous ne voyez pas qu’elle a suffisamment souffert dans sa vie ? »
Il a ensuite pris des pièces de sa poche avant de les jeter dans le sac de la mendiante. Cette dernière a du coup fait un signe de croix en agitant la main, le visage exprimant humilité et douleur.
Le lendemain, j’ai appelé un ami qui a à peine mis les pieds à l’école, mais cela ne l’a pas empêché d’avoir les voitures les plus chères ni de vivre dans une grande maison. Grâce à lui, j’ai pu découvrir que la mendiante faisait partie d’une entreprise. Elle est apparemment supervisée par des réseaux de crime organisé. Les enfants utilisés sont « loués » à des familles d’alcooliques ou simplement volés.
J’avais besoin d’obtenir la réponse à ma question : « Pourquoi le bébé dort-il toujours ? ». Il m’a expliqué d’une voix calme qui n’a fait qu’accentuer ma stupéfaction : « Ils sont sous effet de l’héroïne ou de la vodka. »
J’étais abasourdi : « Qui est sous héroïne ou vodka ?! »
Il a répondu : « Ainsi, l’enfant ne crie pas. Les femmes pourront du coup s’asseoir toute la journée en le portant, imagine sinon à quel point cela aurait été agaçant ? »
On drogue malheureusement ces enfants afin qu’ils puissent servir de moyen de persuasion vis-à-vis des passants qui n’hésiteront pas à donner quelques pièces. Dans certains cas, l’enfant ne supporte pas cela et finit par mourir, alors la prétendue mère le garde dans ses bras jusqu’à la fin de la journée. Ce sont les règles du « métier ». »
Que ce soit dans station de métro, sur un trottoir ou à l’entrée d’un magasin, des dizaines et des dizaines de ces « mères » peuplent les rues de nombreux pays à travers le monde. Une réalité âpre qui devrait nous secouer et nous rappeler que chaque pièce que nous donnons à ces individus revient à soutenir un réseau criminel à grande échelle. Et cette mise en scène est non seulement une escroquerie, mais aussi une mise en danger de vies d’enfants innocents.