Ne pas se justifier et insister sur les aspects positifs de sa vie

Quelles que soient les intentions de cet entourage maladroit, poursuit Cécile Neuville, rien n’oblige quiconque à répondre aux questions indiscrètes. « Je conseille à mes patients de ne pas perdre de temps à se justifier. » Une bonne solution pour désamorcer ces interrogatoires est, selon elle, de dévier la conversation, en l’orientant sur d’autres pans de notre vie: « Non, je n’ai toujours personne, en revanche je me suis lancée dans telle ou telle activité, ou j’ai revu tel ami, ou encore je m’éclate dans mon boulot. »

Autre alternative suggérée par Cécile Neuville, renvoyer la balle à son interlocuteur, une technique assez efficace en général pour éviter de rester sous le feu des questions: « Les gens adorent parler d’eux, donc on ne prend pas beaucoup de risque à répondre ‘et toi?’! » Une tactique adoptée par Julien, 34 ans et célibataire depuis toujours, avec notamment sa soeur, « gentille mais assez lourdingue quand elle se met en tête de sonder mes états d’âme« . « Je ne la laisse pas commencer et je me mets de suite à la noyer de questions sur sa vie, son boulot, ses enfants. Et ça marche! » Céline, 29 ans, a trouvé une autre façon de faire: « La dernière fois qu’une amie m’a demandé si vraiment je faisais tout pour trouver quelqu’un, je lui ai détaillé tout ce que je mettais en oeuvre, tous les garçons que j’avais rencontrés, les sites sur lesquels je m’étais inscrite, les activités que je pratiquais, etc. Au bout d’une demi-heure, elle n’en pouvait plus, elle ne s’y est plus jamais risquée! »

Se focaliser sur ce que l’on veut

Au delà de ces anecdotes parfois amusantes, parfois moins, tant certaines paroles même prononcées avec de bonnes intentions peuvent être blessantes, il faut absolument « tenter de se détacher de ce regard extérieur et se centrer sur ce que l’on veut soi », conseille Cécile Neuville. « Je crois que d’une manière générale, quand les gens souffrent du célibat, c’est moins en raison de cette pression sociale que parce qu’ils ressentent un vide émotionnel ou affectif« , observe-t-elle. « Les gens qui le vivent bien consultent rarement pour m’en parler, donc ceux que je vois sont plutôt ceux qui voudraient en sortir. Je leur conseille d’essayer de se focaliser sur d’autres relations, sur le temps de qualité qu’ils passent avec leurs amis, leurs collègues, dans la pratique d’un loisir, quel qu’il soit. Cela peut paraître cliché, mais c’est en effet lorsqu’on cesse d’être dans la quête de l’autrequ’on parvient à le rencontrer. Il y a beaucoup de façons de combler ce vide émotionnel, autrement qu’en se mettant en couple. » Sophie Cadalen ne dit pas autre chose dans son ouvrage: « Si je suis convaincu(e) que le couple est l’unique issue possible pour connaître le bonheur, je m’interdis du même coup certaines rencontres incertaines qui pourraient m’apporter beaucoup. »

Faire le tri dans ses relations

Laura quant à elle n’a pas eu à subir la pression de ses amis durant ses années de célibat: « Ils étaient conscients que ça n’était pas si facile de construire une relation. » En revanche, elle se souvient « de l’attitude de certaines femmes mariées et mères de famille, amies d’amies à moi qui en soirée ne m’adressaient pas la parole car je n’avais pas d’enfants ». Au fil des années, confie-t-elle, « j’ai appris à fuir ce genre de personnes pour m’entourer de toutes sortes de gens avec ou sans enfants qui m’appréciaient telle que je suis. » Hasard ou pas, c’est justement après avoir fait le tri dans ces relations toxiques que Laura, trois jours après ses 40 ans, a rencontré quelqu’un. Une histoire qui dure depuis deux ans.

« À ceux qui ressentent la pression je leur dis que ceux qui vous la mettent ont simplement besoin qu’on adopte leur mode de vie, parce qu’ils pensent bêtement que c’est le meilleur ou parce qu’ils ont besoin d’etre rassurés sur le choix qu’ils ont fait, résume la jeune femme. Soyez vous-même, profitez de la vie même si ce n’est pas en couple, et ne laissez personne vous faire des leçons sur votre façon de vivre. Si vos amis vous aiment vraiment ce sont des souhaits qu’ils émettent et pas des remarques à la noix. »