« Dites-moi, Monsieur, c’est quoi, une belle femme ? » ou plutôt « Et moi, Monsieur, est-ce que tu penses que je suis une belle femme ? »
On tourne, se retourne devant le miroir. On examine longuement nos traits, nos yeux, notre nez, notre bouche. Le visage, encore, ça va. Puis vient le corps. Le magazine féminin -montrant ces seins voluptueux, ces fesses rebondies, ces immenses jambes, et ce ventre plat- vient foutre en l’air le plaisir à ce contempler.
« M****, j’suis peut-être pas si jolie ! »
Pourquoi la beauté nous obsède-t-elle tant ? Qu’est-ce qu’être belle ? La beauté, finalement, ça veut dire quoi ? Est-ce si grave d’être moche ? Et moi, j’suis jolie ?
La beauté, pour le désir masculin
de André Breton
« Une belle femme ? Elle née dans le regard des hommes. Une belle femme est une femme qui attise le désir. C’est celle que l’on veut b***** et épouser à la fois »
Il est clair – malheureusement- que le physique est le premier argument qu’entend un homme à notre sujet. Que nous ayons écrit une thèse, que nous gagnons plus que lui, que nous ayons la répartie de Florence Foresti, peu importe, s’il nous trouve moche c’est foutu.
Quitte à être vulgaire et terre-à-terre, soyons-le jusqu’au bout : les hommes notent les femmes. Mais, ils pourraient les diviser en trois catégories :
- celles qui trouvent moches
- celles qu’ils trouvent : normales, moyennes, charmantes, mignonnes, craquantes-croquantes
- celles qu’ils trouvent belles, et dont ils tombent amoureux au premier coup d’œil.
Élevés aux films américains, à la taille 34, aux magazines et aux pornos, etc ; les hommes sont difficiles. Certains pensent même que la cellulite n’est pas universelle !
A moins que notre Doudou soit TRES amoureux, la plupart d’entre nous appartenons à la seconde catégorie. Ni tout à fait moche, ni tout à fait canon. Et c’est tant mieux !
Les « trop belles » sont lieux de tels fantasmes que la plupart des mecs n’oseront pas les aborder : la peur du râteau, la machine à projection qui s’est trop emballée, l’OI au bout du sexe cœur…
Donc oui, nous sommes chair à notation, chair à canon, chair à fantasmes…
Sophie Combes, auteure de « Le Beau Sexe, Femmes dans le monde et Apparence physique » , nous dit que -d’après elle- « Les femmes sont décrétées responsables de la beauté du monde. Comme le dit joliment l’historienne et féministe Michelle Perrot, elles sont considérées comme l’ornement de la terre. »
Bien qu’Apollon était réputé pour sa beauté au même titre qu’Aphrodite, la beauté de cette dernière n’était tournée que sur l’amour et la séduction, et non pas sur les arts (synonyme de création/intelligence). Les muses, les vestales et autres créatures de beauté ont -presque- toujours été représentées par des femmes. Ou êtres asexuées aux traits féminins (comme les anges).
Aujourd’hui encore, la beauté semble être un symbole bien plus féminin que masculin. Elle est la première qualité que doit posséder une femme. Alors, que chez l’homme, le charisme passe avant sa plastique. Je pense par exemple à Vincent Cassel, qui n’est -tout de même- pas un Apollon !
Les féministes se battent contre cette prérogative. Il ne s’agit pas de devenir moche, mais bel et bien d’avoir un autre sens que «l’ornement du monde». On comprend mieux qu’elles aient été scandalisées par les bodys Petits Bateaux décrivant les qualités des bébés-garçons et des bébés-filles…
Combien de qualités liées directement au physique peut-on lire pour les filles ? Et pour les garçons ?