Une spirale névrotique inconsciente

La personne dépendante risque malheureusement d’arriver au résultat opposé à celui qu’elle recherche. Par la pression consciente et inconsciente qu’elle génère au sein de son couple, elle génère elle même ce qu’elle redoute le plus, à savoir l’abandon. En effet, plus elle « consomme » son/sa partenaire en pensant que c’est cela qui va apaiser son sentiment de vide intérieur, plus ce/cette partenaire va étouffer devant tant de demandes affectives incessantes jamais satisfaites. Il/elle va donc avoir tendance à prendre du recul parce qu’il/elle se sent envahi/e et dépassé/e par l’ampleur de la demande.

Et plus le/la partenaire prend du recul, plus la personne dépendante panique! Face à ce mouvement de retrait affectif, la personne dépendante prend peur car elle redoute d’être abandonnée: elle va donc encore plus intensifier sa demande affective, parallèlement à un oubli d’elle même encore plus marqué. Or, cette attitude est contre-productive. Plus la personne dépendante essaie de garder l’autre près d’elle (en allant parfois jusqu’à la menace ou au chantage au suicide si on l’abandonne), plus elle crée les conditions pour qu’on l’abandonne.

Si son/sa partenaire la quitte effectivement (car la situation est devenue invivable), la personne dépendante est confortée dans sa conviction qu’elle est sans intérêt. Elle se remet alors aussitôt à la recherche d’une autre personne susceptible d’apaiser son douloureux sentiment intérieur… C’est la spirale de la névrose.

Dans certains cas, notons également que le/la partenaire de la personne dépendante n’est pas toujours très clair dans son propre positionnement: il/elle peut en effet tirer des bénéfices secondaires de cette situation (là encore, de façon inconsciente). Il peut par exemple être très valorisant narcissiquement d’être autant « désiré », « adulé », « aimé » par une personne qui est prête à tout pour exaucer ses moindres souhaits. Être l’objet de tant d’attention peut, en retour, combler les (éventuelles) propres carences émotionnelles du/de la partenaire. On voit là un danger potentiel pour la personne dépendante et une possible impasse: il lui serait en effet bénéfique de gagner en indépendance par rapport à son/sa partenaire ; mais si ce dernier/cette dernière a besoin que son compagnon ou sa compagne soit dépendant(e) de lui/elle, il/elle ne va rien tenter pour l’aider à sortir de sa dynamique de dépendance. Bien au contraire, il/elle peut même inconsciemment tout faire pour rendre cette personne encore plus dépendante!