Voir l’Amour

Imposer une définition de l’amour par les preuves, nous l’avons vu, n’est pas efficace. Pourtant, c’est bien sur cette définition que nous pouvons faire naître l’amour chez l’autre.

Encore une fois, nous partons du postulat que nous plaisons déjà au mec, qu’il vit déjà un peu de ce déferlement biologique (sinon, la stratégie ne marche pas.)

Quand nous demandons des preuves, nous disons aussi, que, pour le moment, nous ne voyons pas encore (assez) l’Amour de l’autre, donc qu’il n’en a pas assez.

L’idée serait donc d’avoir la démarche inverse.

Voir de l’Amour là où l’autre ne le voit pas forcément, pour lui faire entendre qu’il y en a déjà. Que ce qu’il fait pour nous correspond déjà à une définition de l’Amour. Même si cette définition n’est pas (encore) la sienne.

Autrement dit, nous lui annonçons qu’il est déjà amoureux. (Et pourquoi pas ? Si les définitions de l’Amour sont multiples, elles sont aussi flexibles.)

Dès lors, Jules n’a plus à décider s’il est suffisamment amoureux pour offrir de l’Amour en preuve. Il n’a qu’à accepter que ces gestes en aient déjà.

Autrement dit, s’il veut nous aimer, il n’a qu’un seul effort à fournir : hocher la tête. L’Amour n’en demande pas plus. (Contrairement à la construction de la relation basée sur un idéal… Mais, ça, ça vient après.)

 

Y croire

Bien sûr, face à l’Autre, la simulation ne tient pas. Nous ne pouvons pas faire semblant de voir de l’Amour chez l’autre. Nous devons être authentiquement convaincues que l’Autre nous aime sans s’en rendre compte.

La « surprise amoureuse » dont nous parlions dans le précédent article tient d’une foi de l’Autre en une définition nouvelle de l’Amour. Autrement dit, si nous croyons réellement que l’autre nous aime déjà, nous pouvons remodeler sa définition de l’Amour et l’amener à nous aimer aussi. (Et vice versa).

Nous imposons (par la force de notre croyance) notre interprétation comme la seule possible.

 

Ne pas s’effrayer

Pour voir l’amour d’un autre, il faut l’aimer déjà. L’aimer sans crainte que les sentiments soient déçue. Autrement dit, faire confiance en l’Amour, tout en connaissant la fluctuation de ses définitions. Et, ça, ça met à mal la cohérence cognitive.

Nous avons pour habitude d’attendre que l’autre nous persuade de son Amour, pour accorder de la crédibilité à ses sentiments. Nous ne faisons pas confiance, ni à nos croyances, ni en l’autre, ni en nous-mêmes. Et, ce doute constant, cette peur de perdre sont souvent ce qui provoque les ruptures prématurées. Pourtant, nous pensons le doute comme salvateur, nous pensons qu’il nous protège.

L’erreur est peut-être là. Elle est humaine et banale, mais terriblement handicapante.

Peut-être faut-il changer notre regard sur l’Amour. Peut-être faut-il le voir comme un délire collectif (ou à deux), une croyance folle, une invention délurés, que nous provoquons par foi sentimentale.

Si c’est le cas, c’est bien par la conviction que nous le faisons naître chez nous et chez l’autre. Dans ce cas, il est possible que la confiance en nos sentiments et en la force de notre croyance suffise à se faire aimer de l’autre.

Peut-être que c’est de la redéfinition de l’Amour dont parlait Rimbaud quand il disait « L’Amour est a réinventé. »