La retenue émotionnelle, un pas vers l’abîme

La retenue émotionnelle, c’est littéralement l’acte de retenir ou de modérer ses propres pulsions, instincts, passions ou sentiments. C’est donc enfouir quelque chose en soi et le taire non seulement auprès des autres, mais aussi de soi-même.

Pourquoi ? Il n’est pas évident de comprendre pourquoi. Les psychologues tentent de trouver des explications et parlent de schémas éducatifs et autres processus sociaux, psychologiques, voire biologiques.

La compréhension émotionnelle, en revanche, s’oppose en tous points avec la retenue émotionnelle : elle nous rapproche de cette dimension où s’exaltent inclusion, proximité et empathie envers les autres, mais aussi envers soi-même.

C’est le savoir le plus utile et le plus courageux qu’on puisse détenir : la connaissance émotionnelle.

Pourquoi donc choisissons-nous de taire la tristesse pour se tourner vers la retenue émotionnelle, que l’on juge plus utile ?

1. C’est un mécanisme de défense. Si je ne réagis pas face à ta trahison, à ta tromperie, et que je choisis de tourner la page le plus rapidement possible sans m’arrêter de penser à ce que je ressens, j’évite de reconnaître que tu m’as fait du mal, et du coup la douleur, selon moi, sera moindre.

2. C’est une stratégie d’auto-protection. Si je cache ma tristesse et ma souffrance, j’éviterai de passer pour une victime auprès des autres.

Car mettre en évidence ma douleur émotionnelle, c’est me montrer vulnérable et perdre le contrôle, et ça, c’est quelque chose que tout le monde n’accepte pas, ou que tout le monde ne peut pas gérer.

3. L’ignorance émotionnelle. Cela peut paraître surprenant, mais il y a des gens qui, quelles que soient leurs raisons, n’ont pas été exposés à la souffrance, à l’échec ou à la déception.

On pense par exemple à de nombreux jeunes d’aujourd’hui, élevés au sein d’une culture où on subvient à tous leurs besoins, et où ils développent une très faible résistance face à la frustration.

Si demain, ils subissent une perte ou essuient un échec sentimental, ils se sentiront probablement débordés, ou bien «bloqués». Dans ce cas-là, on opte alors tout simplement pour le déni ou la retenue émotionnelle.

Les larmes qui ne se pleurent pas aujourd’hui, seront dès demain des vides insondables. Les tristesses non reconnues nous rapprochent petit à petit du bord d’un abîme dans lequel on finit par tomber, dans une forme de maladie ou de traumatisme.