Être une maman, c’est probablement le métier le plus dur que je n’aie jamais exercé. Dans une autre vie, j’étais chef de service dans un restaurant. Un service du samedi soir à 19 h 30, avec l’évier de la cuisine débordant de vaisselle, 2 heures d’attente en salle et une coupure de courant inexpliquée n’est même pas comparable à un mardi après-midi avec les enfants dans ma maison. Et je peux vous assurer que les clients que j’avais étaient du genre très difficile à satisfaire… Mais c’est du gâteau, si vous comparez cela à des gamins affamés qui n’ont pas assez dormi.

 

Il était une fois… J’avais le temps. Pour moi-même. À présent, mes orteils ont besoin d’amour. Mon soutien-gorge tient en place un peu différemment. Mon fer à lisser ne marche peut-être même plus, je n’en ai aucune idée. Je ne peux pas prendre une douche tranquille, ni avoir aucune intimité. J’ai commencé à utiliser de la crème pour les rides. On ne me demande plus ma carte d’identité à l’entrée des bars. Je suis Maman, et quelqu’un a besoin de moi. Même maintenant, quelqu’un a peut-être besoin de moi.

 

La nuit dernière aussi, quelqu’un avait besoin de moi…

 

A 3 heures du matin, j’ai entendu le bruit des petits pas qui entraient dans ma chambre. Je suis restée allongée sans bouger, retenant mon souffle. Peut-être qu’il va abandonner et retourner dans sa chambre. Oui, c’est ça.

 

« Maman. »

« Maman. » Un peu plus fort.

« Oui ». J’ai murmuré à peine.

Sa petite voix a marqué une pause, ses yeux gigantesques brillant dans la pénombre.

« Je t’aime. »