Et juste comme ça, il est parti. Il est retourné dans sa chambre, sur la pointe des pieds. Mais ses mots sont restés accrochés dans la fraîcheur du soir. Si j’avais pu tendre la main et les attraper, je les aurais pris ses mots et je les aurais serrés fort contre ma poitrine. Sa petite voix douce murmurant la plus belle phrase du monde. « Maman, je t’aime. » Un sourire s’enroule sur mes lèvres et j’expire doucement, j’ai presque peur en soufflant de faire partir le souvenir de ces paroles qui flottent encore dans les airs. Je me rendors, et je laisse ces mots s’installer au fond de mon cœur.

 

Un jour, ce petit garçon sera un homme, grand et fort. Il n’y aura plus de petits mots doux murmurés au creux de la nuit. Juste le vrombissement du réfrigérateur, et les ronflements de mon mari. Je dormirai en paix, sans craindre d’être réveillée, sans avoir peur que mon bébé soit malade ou bien qu’un enfant se mette à pleurer. Tout cela ne sera plus qu’un souvenir. Ces années ou quelqu’un a besoin de moi, elles sont épuisantes mais elles passent à une vitesse folle.

 

C’est pourquoi j’ai arrêté de rêver au fait qu’« un jour, les choses seront plus faciles ». Parce que la vérité, c’est que ce sera peut-être plus facile, mais ce ne sera jamais aussi bien, aussi beau qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, je suis couverte de morve et de bave de bébé. Aujourd’hui, des petits bras potelés se blottissent contre mon cou en me chatouillant un peu. Aujourd’hui est un miracle. « Un jour », je pourrais prendre des douches seules et faire des pédicures. « Un jour », j’aurais tout le temps libre que je voudrais. Mais aujourd’hui, je me donne, et je suis épuisée, et sale, et je suis TELLEMENT aimée, et je dois vous laisser. Quelqu’un a besoin de moi.