LE MOMENT DE VÉRITÉ

On aurait pu se contenter de ce tableau impressionniste. Mais nos témoins ont été plus généreux. Pris au jeu, toutes barrières tombées, aucun n’a rechigné à entrer dans les détails. Et à préciser les sensations de cette lente montée vers l’extase. Quoique… A les écouter, l’extase semble plutôt coïncider avec le tout début: cet instant magique où l’un franchit le seuil de l’autre.

«La pénétration, c’est un aboutissement. En termes de chasse, c’est le coup de fusil… (Rires.) Pour en arriver là tu as pataugé des heures dans la forêt. Et enfin, ce n’est plus elle qui te balade, c’est toi qui décides! Surtout avec une nouvelle partenaire, c’est une jubilation. Une fierté. Ç’a à voir avec la domination, la virilité. La femme te fait confiance, elle s’offre. Quand tu entres en elle, tu peux la sentir s’ouvrir… Tu ressens forcément une forme de puissance. Tu deviens machiste même si tu n’es pas macho. Inconsciemment tu te dis: « C’est moi le mec, je vais la prendre, la déchirer. »» (Pascal)

«Qu’on soit dans la séduction ou avec une femme qu’on connaît depuis quinze ans, c’est toujours l’aboutissement. Le moment intense où on passe à la fusion, à l’alchimie. L’essentiel pour moi, c’est de retarder le plus possible cet instant « le glissement progressif du plaisir »… Et là, à l’instant T, ce qui est intéressant c’est la résistance. La sensation de ce corps fermé qui s’ouvre (qu’on ouvre). Et ce n’est jamais gagné. Ce que j’adore c’est entrer et sortir juste le bout de mon sexe. Rester à l’orée, d’elle et de moi. Un jeu très jouissif : j’y vais, j’y vais pas. Un jeu sur le temps.» (Paul)

«C’est le moment de vérité, surtout la première fois que tu couches avec une fille. Jusque-là, tu es dans le jeu de séduction, dans la démonstration, tout est exacerbé pour conquérir l’autre. Et soudain tu es moins dans le jeu. C’est là que tout commence (ou tout avorte).» (Bernard)

«On obtient de la partie adverse un truc sacrificiel. C’est la même symbolique depuis des lustres.» (Edouard)

«J’adore regarder mon sexe qui entre en elle, c’est toujours aussi magique pour moi. Observer la vigueur de mon sexe qui la pénètre. Ce pont entre nous. Comme si mon sexe devenait extérieur à moi, un être à part entière.» (Emmanuel)