Sept pistes pour apprendre à reconnaître un pervers narcissique et résister à son harcèlement.
Le scénario est sensiblement toujours le même. Au départ, le pervers narcissique se pare de ses plus beaux atours. Il impressionne, amuse, séduit. Puis, insidieusement, viennent les premières attaques, jamais frontales. Réflexions et vexations se multiplient, jusqu’à convaincre la victime qu’elle mérite ce qui lui arrive. Difficile alors de sortir de ses griffes tant le mécanisme est rodé.
Ce cauchemar, Alice l’a vécu avec son ex-mari. « J’avais 22 ans quand je l’ai rencontré, 35 quand je l’ai quitté, après des années à penser que j’étais le problème, responsable de tous les dysfonctionnements. » Cécile, quant à elle, a croisé son bourreau au travail: « Il était mon chef et je l’admirais. Mais je n’étais jamais assez rapide, jamais assez performante. Il avait cette façon de me donner un ordre puis d’en changer au dernier moment. » Tout ça bien sûr sans jamais laisser de traces écrites. « Sans mon mari qui m’a poussée à démissionner, je crois qu’il aurait eu ma peau. »
Si Alice et Cécile sont parvenues à mettre fin à ce harcèlement et à se reconstruire, il est souvent difficile de trouver des parades pour se protéger des pervers narcissiques. Christel Petitcollin, conseil et formatrice en développement personnel (1) est d’ailleurs formelle: « Les perspectives d’avoir à terme une relation normale avec un manipulateur sont nulles. Un pervers ne souhaite pas changer. Il n’y trouverait aucun intérêt, puisqu’il tire une véritable jouissance de la destruction d’autrui. »
Voici toutefois sept pistes pour limiter les dégâts.
1 – Prendre conscience de la situation
La première chose à faire, pour Isabelle Nazare-Aga (2), thérapeute comportementale et cognitive, consiste à s’assurer que l’on est bien face à un pervers narcissique ou manipulateur, les deux appellations recouvrant la même réalité. Mettre un nom sur ce qui se passe permet de comprendre que l’on n’est pas en cause et d’organiser la riposte. Isabelle Nazare-Aga a dressé une liste de trente critères. « Il y a par exemple le fait que l’on parle beaucoup de lui lorsqu’il n’est pas là. Qu’il ne parle pas clairement. Qu’il nous culpabilise, qu’il fait courir des rumeurs ou encore sème la zizanie. Qu’il ne s’avoue jamais responsable. »
2 – Faire croire à l’indifférence
« Il s’agit de montrer que l’autre n’a pas le pouvoir qu’il s’arroge. C’est extrêmement difficile les premiers temps parce que l’emprise est réelle. Mais en gardant à l’esprit cette petite voix intérieure qui nous intime de ne pas avoir peur, on finit par en effet avoir moins peur », explique Isabelle Nazare-Aga. L’idée est de refuser d’offrir au pervers ses émotions sur un plateau, parce qu’il s’en nourrit, ajoute Christel Petitcollin. « Le jour où j’ai vraiment réussi à lui montrer que ses remarques -l’air de rien- sur mon physique ou son dénigrement permanent ne m’atteignait pas, elle s’est calmée », confirme Loïc, à propos de sa belle-mère « qui a failli ruiner » son mariage.
3 – S’en tenir aux faits
Lorsque l’on est sous l’emprise d’un manipulateur, difficile de faire la part du vrai et du faux tant il nous déstabilise. Nous a-t-il réellement dit cela, l’avons-nous rêvé, devions-nous accomplir cette tâche ou une autre ? « La seule façon de le contrer est de noter systématiquement tout ce qui a été promis ou dit », recommande Christel Petitcolin. « Cela permet de garder des traces et de se couvrir. » Par exemple, dans le cadre professionnel, lorsqu’un ordre est donné dans un couloir, ne pas hésiter, une fois à son bureau, à le reformuler par écrit dans un mail: « Conformément à notre conversation, je vous confirme avoir compris que vous souhaitiez, etc. » Idem dans un contexte plus personnel. Garder les lettres ou messages d’insultes, consigner les mails ou les SMS.