Le déni

Que se passe-t-il donc chez ceux qui n’ont jamais prononcé les mots « prout » ou « caca » devant leur conjoint ? Assez récurrente chez les hommes, l’attitude du déni consiste à s’interdire de penser qu’une femme peut avoir besoin de se soulager. « Pour moi ça n’existe pas », m’a confié un ami. On en rit en lui promettant qu’on fabrique des fleurs. Mignon mais très machiste quand ledit gentleman se permet de lâcher des caisses au supermarché ou dans son bain… Mais beaucoup de femmes choisissent d’elles-mêmes la solution de garder ce sujet tabou, de peur de « casser le mythe », de briser complètement le charme qui la rend si belle, si douce et désirable. Au prix de combien de soirées difficiles, le ventre ballonné, le souffle coupé, des hommes et des femmes se retiennent pour préserver cette image javellisée de notre humanité ?

Quand on n’a plus le choix…

Toujours est-il qu’il arrive un moment dans le couple où les mots les plus crus de notre nature s’imposent dans le quotidien : l’arrivée d’un enfant. Les plus policés seront amenés, grâce au partage des corvées Pampers désormais acté entre hommes et femmes, à commenter les défécations –consistance, odeur, couleur- de leur adorable bébé rose. Et là, l’ambiance peut devenir légèrement anti-érotique.
Les seuls remèdes sont simples mais efficaces :
– Ne pas dormir avec bébé dans la chambre, même si vous êtes une mother victim
– Acheter une poubelle spéciale couches (qui retient les odeurs)
– Donner des noms poétiques aux gazs de babychou. Trouvaille d’un couple lassé de dire « prout » : « Justine nous a encore fait une belle série de moulins aujourd’hui » ou « on a eu droit à la tempête de Saint-Nazaire »

Et pour tous, inventez vos propres règles, mais ne soyez pas trop sévères sur les sanctions. Comme disait Montaigne, « Aussi haut que soit son trône, on n’est jamais assis que sur son cul ». La preuve en images :