N’est-ce pas un sprint passionné, 25 ans d’explosions de bombes ou l’usure des couples surmontant la plus grande résistance à la tentation? Les cinq hommes réunis dans la plus grande relation intime nous ont parlé de leurs visages cachés clairement visibles.
INFIDÉLITÉ: OU ET COMMENT COMMENCE T’-ELLE?
La fidélité, pour vous, ça va avec l’amour, le couple, la passion, le mariage?
Alex: Déjà, ce n’est pas naturel. (Rires.) À part évidemment au début, dans la phase fusionnelle. Pour moi, c’est une sorte de sacrifice. (Rires.) Au nom de l’amour, tu décides d’«honorer» le même corps ad vitam aeternam… Ça fait partie de ce que tu mets dans la «corbeille de la mariée ». Après tu négocies…
Christophe: Pour moi, ça va avec le mariage. Moi je n’avais jamais été fidèle… Jusqu’au jour où j’ai prêté serment, à l’église, devant une cinquantaine de personnes. Depuis je tiens bon.
Marc: C’est une question d’engagement, mariage ou pas. Ensuite on fait en sorte de respecter sa parole, d’être fidèle à l’autre et à soi.
Olivier: Moi j’avais du mal à y croire. J’ai le sang chaud… C’est d’ailleurs ce qui a fait craquer ma femme, elle savait bien que j’étais coureur. (Rires.) Mais pour elle, j’ai décidé de me tenir à carreau. Ça a duré un temps…
Stéphane: Pas facile, non. Les deux fois où j’ai été marié, j’ai essayé d’être fidèle. J’espérais l’être – moi, j’ai une nature de séducteur, j’aime la rencontre, la nouveauté -, je n’ai pas réussi.
MC: Mais l’infidélité commence où ? Au premier échange de regards avec une autre, au premier frisson?
Marc: Pour moi, l’infidélité, c’est ce qui me soustrait à mon territoire familial, conjugal… Ce qui enlève de ma disponibilité à ceux qui vivent avec moi et ont passé un contrat (affectif, moral, sexuel) avec moi… L’année dernière, après onze ans sans un écart, je me suis retrouvé dans une liaison que je pensais contrôler et qui a progressivement basculé. Je n’étais plus le même à la maison, j’étais moins disponible, même quand j’étais physiquement là… Ça commençait à ressembler à la représentation la plus taboue que je pouvais me faire de l’infidélité : ici sont les gens que j’aime, et une force m’attire dehors et leur soustrait une partie de moi.
MC: Mais qu’est-ce qui peut faire basculer un homme au bout de onze ans?
Marc: Une passion. En fait, je n’ai rien vu venir. Ça a été un glissement progressif. (Sourire.) Au début, je crois que je voulais juste me prouver un truc à moi-même en draguant une fille de 25 ans, plus belle que la moyenne, plus intelligente… Me prouver que ça marchait encore… Elle allait se marier, on était tous les deux dans l’excitation de la transgression. Elle me fascinait, sans doute en me renvoyant une image de moi dont j’avais besoin à ce moment-là, des sensations fortes, quelque chose de surnaturel… On a beaucoup joué, mais peu à peu on s’est éloignés du jeu de départ. Cette histoire s’est mise à me bouffer du temps, de l’énergie… Le sentiment de «tromper» m’est tombé dessus avant même de faire l’amour avec elle, dès que j’ai repéré la profondeur de mes sentiments. Avec l’impression de voler quelque chose d’essentiel à ma femme, de me diviser. D’ailleurs, les premières fois où on a fait l’amour, c’était juste impossible : mon corps refusait… Alors qu’est-ce qui fait qu’on est disponible pour la passion ? Une équation personnelle, je pense. Et à un moment donné un peu de nitroglycérine en face, avec le bon dosage : un visage, un regard, un ton de voix… Cette histoire m’est tombée dessus à un moment de changement d’emploi du temps, de changement de vie. Je sortais d’un cancer, j’étais dans un état d’ultra-confiance en moi que je n’avais jamais atteint, avec le sentiment que le monde m’appartenait… Tout allait si bien que je pouvais me mettre en danger. Et je me suis vraiment mis en danger, ainsi que ma famille. Pas l’institution mais ceux que j’aimais et qui m’avaient rendu heureux depuis douze ans…
Alex: L’infidélité, c’est comme un flingue chargé à la maison. Il peut être utilisé contre toi, contre l’autre. Il peut y avoir un accident, un coup qui part sans qu’on le veuille. Quand on parle de « coup de canif » dans le contrat, c’est bien ça : c’est vraiment méchant, ça fait mal.
Stéphane: C’est vrai. Moi j’ai toujours vu ma mère souffrir de l’infidélité de mon père, un séducteur forcené. Forcément j’étais de son côté à elle. Ce qui n’a pas empêché, au final, que ma vie soit un champ d’infidélités…