Le trouble du corps

Et puis il y a le corps. Un corps impatient, un corps qui attend l’aimé, qui réclame sa voix, son regard, sa présence. Pour Catherine, elle est là, la preuve : « Quand j’aime, l’autre me manque. Que je sois au travail, au cinéma ou en train de discuter avec une amie, l’aimé me revient par bouffées dans la tête, et je ressens son absence. C’est une tension qui ne se relâche que lorsqu’il apparaît. »

Chantal Thomas (auteur de Comment supporter sa liberté, Rivages, 2000), philosophe et écrivain, renchérit : « Je sais que j’aime quand le monde acquiert une sorte d’éclat, de relief suraigu beaucoup plus captivant que dans les autres moments de la vie. Par exemple, pour moi qui aime me promener, il y a dans ces moments-là une sorte de rehaussement de tout ce que je vois, non pas parce que j’irais ensuite raconter à la personne aimée ma promenade, mais par le simple fait que cette personne existe.

Cela me met sexuellement, intellectuellement, émotionnellement dans un état où tout est plus intense. » Plus que la raison, ce serait donc notre corps qui nous renseignerait sur le sentiment d’amour, par la façon dont l’aimé l’habite même lorsqu’il est absent, et par la manière particulière que nous avons, en sa présence, d’être réceptifs à ses gestes, ses attitudes, ses expressions, son odeur, son grain de peau.