Mots et molécules
Une puissante analgésie bloque le caractère douloureux des violentes stimulations mécaniques que s’imposent les sexes conjugués; elle fait taire la souffrance pour que la jouissance puisse s’exprimer librement. L’homme et la femme sont, pendant un court moment, confondus dans leur être.
L’ocytocine ne limite pas son action à son rôle dans l’orgasme. Libérée dans le sang lors de l’allaitement, elle permet l’éjection du lait lors de la succion du mamelon par le bébé. Libérée dans le cerveau, elle facilite l’attachement entre partenaires, ce qui la fait abusivement appeler hormone de la fidélité. Elle joue également un rôle majeur dans le comportement maternel.
Pour conclure, l’amour chez l’humain n’est guère différent physiquement de ce que l’on peut observer chez l’animal; il s’enrichit, en revanche, de toutes les capacités psychiques et morales de l’espèce. L’animal fait l’amour, mais n’en parle pas; l’humain vit l’amour et le raconte. Le discours amoureux est partie intégrante de l’acte sexuel, que celui-ci soit accompli dans la réalité ou rêvé.
L’homme ne fait pas seulement l’amour, il en parle au point que parfois l’acte sexuel disparaît au profit du roman d’amour que vivent les deux amants. Au niveau des régions dévolues au langage et à l’imaginaire, il ne s’agit plus tant alors de molécules chimiques que de mots, le plus beau étant le verbe «aimer».
*Auteur entre autres de «Voyage extraordinaire au centre du cerveau», éd. Odile Jacob et du «Sexe expliqué à ma fille», éd. du Seuil.