Ils se sentent plus invités que conquérants

Sur la question des préliminaires, l’enquête révèle que, pour la majorité des hommes, cette phase de « câlins tendres », comme la définit Philippe Brenot, fait partie intégrante de l’acte sexuel. C’est le cas pour Frédéric, 40 ans, qui adore passer du temps à caresser sa femme, l’embrasser partout, la sentir, « avant de passer réellement à l’acte ». « Je ne le fais pas que pour elle, confie-t-il. C’est un moment de plaisir pour moi aussi, qui retarde mon orgasme et fait monter l’excitation jusqu’à son paroxysme. »

Frédéric, ouvertement friand de ces effusions, n’est pas nécessairement représentatif de tous ses homologues. En effet, l’enquête montre que, si les hommes ne sont plus qu’une infime minorité à ne pas comprendre ce que les préliminaires veulent dire, ils sont en revanche nombreux (62 %, et 68 % chez les plus de 50 ans) à les trouver « assez longs », et 56 % (66 % chez les plus de 50 ans) à avouer ne s’y atteler que pour faire plaisir à leur femme. Une donnée qu’il faut nuancer en fonction de l’âge, les plus jeunes semblant porter davantage d’intérêt à la préparation à l’amour et à la gestion de l’excitation.

Soucieux du plaisir de leur partenaire, les hommes ne perdent toutefois pas de vue leur objectif ultime : la pénétration. Celle-ci reste un aboutissement pour une majorité d’entre eux. Mais, et là encore les réponses sont surprenantes, les sensations décrites n’empruntent que très peu à la terminologie de la conquête ou de la domination. Les hommes parlent d’un « doux emprisonnement », d’une sensation « chaude, humide, accueillante », « d’une grande douceur, peut-être une révélation de ce que pouvait être la douceur du ventre maternel ». Plutôt que de « prendre » leur femme, ces hommes se sentent « accueillis » par elle, « invités », et tissent par là même la métaphore de l’union amoureuse, de la fusion et de la plénitude.

Certes, les machos invétérés « se servant de leur sexe comme d’un couteau plutôt que comme d’une plume », pour reprendre les mots de Bernard Élie Torgemen, existent encore. Mais, aujourd’hui, un homme acceptant sa part de féminité et se révélant aussi avide de tendresse et d’amour que la plupart des femmes semble émerger. Car, pour être heureux en amour, l’homme doit ouvrir son coeur, prévient-il, et « bien ouvrir son coeur, c’est aussi bien se servir de son sexe ».