En plein divorce, Marion, 40 ans, refuse de se laisser dicter les conditions imposées par Ludovic, son mari. Pour se venger, il pirate son ordinateur. Ou comment faire passer son ex pour ce qu’elle n’est pas, grâce à d’invisibles logiciels espions.

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Mariés, trois enfants. Pendant quinze ans, nous avons formé un couple comme il y en a tant. Moi vétérinaire, lui chef d’entreprise. J’étais toujours très attachée à lui quand, vers 45 ans, Ludovic a commencé à changer de look, à rentrer tard. La crise de la quarantaine ? Une maîtresse ? Le climat était électrique. Jusqu’au jour où il m’a annoncé la « grande » nouvelle : « Depuis des années, j’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi. Marion, je veux vivre à fond la vie de célibataire que je n’ai pas eue. Faire ce que je veux, ramener des copines chez moi. Je ne veux pas divorcer mais, par respect pour toi, pour les enfants, je préfère que nous vivions chacun de notre côté. » Je suis K-O debout. Je ne m’y attends pas du tout. Mais comme pour moi le mariage n’est pas une prison, et bien qu’en miettes, je m’incline.

 

En nous quittant, quelques semaines plus tard, il me remercie pour ma « dignité exemplaire » : je lui ai en effet épargné la crise de nerfs et me suis montrée digne de notre histoire. J’estime surtout, in petto, que sa manière de me quitter est conforme au personnage : il a toujours été dur en affaires, un peu manipulateur et a l’art de présenter les choses à son avantage.

 

Au bout de quelques mois de séparation de fait, nouveau coup de tonnerre. Ludovic m’annonce officiellement qu’il veut divorcer. Il a déjà tout prévu : il participera à l’éducation des enfants et me donnera une petite pension alimentaire, et je peux rester dans l’appartement… quelque temps. Enfin, un seul avocat pour deux – la sienne – suffira. Là, je refuse tout net. Je veux bien divorcer à l’amiable, mais pas aux conditions imposées : une pension minable pour trois enfants âgés de 2 ans 1/2 à 9 ans, alors qu’il gagne très bien sa vie, contrairement à moi, contrainte par lui à travailler à mi-temps – pour les enfants, au nom de ses nombreux déplacements à l’étranger. Face à mon refus, il tente de négocier. « On verra », me rétorque-t-il. Outrée par ce marchandage mesquin, je décide d’entamer moi-même la procédure de divorce et de faire appel à ma propre avocate, recommandée par un ami, qui est devenue un vrai soutien psychologique. C’est le début d’une bagarre qui va durer trois ans.

 

Au début, je pense que les petits lui parlent, mais le luxe de détails et de précisions est souvent troublant