Un jour, je décide de faire manquer aux enfants une demi-journée d’école pour prendre l’avion. La veille du départ, je reçois un e-mail de mon ex, et là j’en reste sans voix. Il sait que je pars le lendemain, et il s’y oppose : faire louper l’école aux enfants démontre, selon lui, une mauvaise gestion de leur éducation. Il me reproche même le prix précis des billets d’avion. Je me dis que ça sent le dossier pour obtenir la garde des enfants, mais comment peut-il avoir ces informations, puisque je n’en ai parlé à personne ? A moins d’avoir eu accès à mes e-mails de réservation ? J’ai justement gardé le secret parce que, depuis plusieurs mois, j’ai remarqué, ainsi que des amis communs qui me mettent en garde, que Ludovic sait ce qu’il se passe chez moi. Au début, je pense que les petits lui parlent, mais le luxe de détails et de précisions est souvent troublant.
Je me sens épiée à distance. Puis un jour, un de mes fils me dit : « Maman, j’ai vu la photo d’écran de tes SMS sur l’ordinateur de papa. » C’est un échange avec mon avocate. Je comprends mieux pourquoi à chaque fois que nous passons devant le juge, Ludovic réagit aussi rapidement. En lisant tous mes échanges en amont, il gagne ainsi un temps précieux. Mais il y a pire. J’apprends que Ludovic a montré à nos amis des e-mails prétendument envoyés par moi, mais que je n’ai jamais écrits, où il me fait dire que j’ai frappé un de mes enfants et que je veux me suicider. Quel juge me laisserait la garde de mes enfants après ce genre de message, et comment prouver ma bonne foi ?
Je dépenserais donc l’argent de la pension alimentaire pour m’envoyer en l’air
Tous les jours, parallèlement, Ludovic m’écrit des e-mails accusateurs sur tout et n’importe quoi, des poux attrapés par les enfants à l’école au montant de leur argent de poche. Je dois chaque fois répondre, me justifier, pour ne pas sembler lui donner raison. C’est très éprouvant. Un week-end, une amie me demande : « Marion, c’est vrai que tu pratiques la sorcellerie ? » Je découvre alors avec stupéfaction que Ludovic continue à montrer à nos amis de faux e-mails, comme ceux entre ma sœur et moi et où je raconte que je pratique le vaudou pour neutraliser mes ennemis. Il joue même l’indigné : « On ne peut plus lui laisser les enfants. Elle est complètement cinglée ! » Je suis affolée. Je me dis qu’il va réussir à me faire enfermer, à m’enlever les enfants et à me placer sous curatelle. Comment mes amis pourraient-ils imaginer que ces messages sont des faux ? Je suis au bord de la dépression, mais je n’appelle pas Ludovic. Je sais d’avance qu’il niera tout en bloc. Je n’en parle qu’à mon avocate.
J’apprends aussi que le juge a dans son dossier des SMS qui montrent que je serais allée dans un hôtel dans le quartier de mon travail, avec un amant, pour environ 300 €. Je dépenserais donc l’argent de la pension alimentaire pour m’envoyer en l’air.
Une fois de plus, comment prouver que je n’ai jamais écrit ces SMS ? Je rencontre alors B., avocat spécialisé dans la sécurité informatique. Il souhaite me montrer quelque chose. Il éteint son portable et le pose, écran noir, devant moi, puis nous parlons de ce qui m’arrive. Au bout d’un moment, l’avocat rallume son téléphone et me fait écouter notre conversation. Il nous a enregistrés portable éteint. Bref, avec des logiciels espions, tout est possible.
C’est comme si j’avais été violée par mon ex