LA FAMILLE ET LE DÉSIR DANS LE COUPLE FIDÉLISENT

« Depuis que j’ai deux fils, je suis irréprochable,confie Nicolas, 34 ans. Mes enfants, j’ai envie de les voir grandir et de passer le plus de temps possible à leurs côtés. Je mentirais si je disais que je ne fantasme pas de temps en temps. Mais cela serait stupide de mettre en danger ma petite tribu et d’être privé de mes gosses à cause d’une incartade. J’ai une certaine image de la famille, un vieux rêve d’enfant, peut-être. Il en faudrait beaucoup pour que j’y renonce. »

 

Avec la paternité, c’est tout l’un ou tout l’autre. Le cliché qui veut que le futur père (ou le père délaissé) devienne volage n’est pas qu’un cliché. Mais la force du désir de construire et la révélation du bonheur d’être père sont pour beaucoup les plus fortes. Pour peu qu’en devenant mère on n’arrête pas d’être femme. Et surtout de les regarder en hommes.

 

Comme le souligne le psychanalyste Jean-Michel Hirt, « les hommes sont nombreux à être déboussolés par la paternité. Soudain leur femme devient mère, réveillant en eux l’interdit de l’inceste. Et puis ce corps, qui était leur royaume exclusif, devient aussi celui de l’enfant, via l’allaitement. Si on ajoute le fait que certaines mères le deviennent à 150 % et vont se consacrer quasi exclusivement à leur progéniture pendant deux ou trois ans… »

 

Bref, la paternité les fidélise quand ils ne se sentent pas abandonnés, dévirilisés. Pour peu qu’on (se) leur rappelle qu’on les désire toujours, qu’on ne se noie pas dans notre nouveau rôle et qu’on les conforte dans le leur, on a apparemment toutes les chances de ne pas les perdre ­ mieux : de rendre le lien encore plus solide.