Quand les émotions donnent faim

La faim n’est en effet pas seulement physiologique. Elle est aussi émotionnelle. Si à la naissance, nous avons un sens inné de ce que nous devons manger et en quelle quantité, au fil des années, cette intuition se perd. La faute aux émotions, aux conventions sociales, à la profusion de nourriture.

« Aujourd’hui je vois de nombreux patients souffrant d’hyperphagie, c’est-à-dire ayant tout le temps faim. Beaucoup ont un problème d’identification entre la faim du ventre qui se traduit par des signaux physiques, et l’envie de manger qui prend racine dans les émotions », constate Sandrine Gabet-Pujol, diététicienne-nutritionniste.

Avec ces patients, la diététicienne utilise une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) en plusieurs étapes: prendre conscience de ces différentes faims, identifier les émotions à l’origine des envies de manger, travailler sur ses émotions. L’un des outils phares de cette démarche: le carnet alimentaire, dans lequel la personne note la situation au cours de laquelle la faim apparaît, les émotions associées, les pensées automatiques (« je craque, je suis nulle ») et des pensées alternatives pour adopter un nouveau comportement (« je craque mais seulement un carré que je vais savourer »).

La pleine conscience pour sortir du cercle de la faim

La méditation en pleine conscience est, elle aussi, de plus en plus utilisée dans les troubles du comportement alimentaire. Au service endocrinologie-diabétologie-nutrition du CHU de Montpellier, Béatrix Toto, instructrice MB-Eating (Mindfulness Based Eating Awareness Training), fait le même constat que Sandrine Gabet-Pujol: « On est sorti du contexte où l’on mange parce que l’on a faim. L’abondance de nourriture, son effet calmant, mais aussi le fait d’être dans le contrôleet la lutte permanente pour atteindre un poids idéal ont déréglé notre sens inné nutritionnel. »

Pour renouer avec, la spécialiste utilise la pleine conscience. « Il s’agit d’un outil plus large qui dépasse le cadre de l’alimentation. Il s’agit d’être là, ici et maintenant, sans jugement, et ainsi de gérer la source du problème: le stress. » Dans le service, les premiers résultats sont encourageants », confirme Béatrix Toto.