Une personnalité en quête de reconnaissance

La plupart des séducteurs ne sont en quête ni du grand frisson ni de la passion, mais de reconnaissance. Ils ont besoin du regard de l’autre, besoin d’être rassurés, et souffrent souvent d’un manque de confiance en soi bien dissimulé. « La volonté effrénée de plaire repose sur une faille narcissique, une dépendance insatiable au regard de l’autre, assure le psychanalyste Jean-Pierre Winter. C’est l’appel de l’enfant qui fait ses premiers exploits et cherche l’assentiment de sa mère. » Emprisonnés dans les yeux d’autrui, fragilisés face au temps qui passe (les acteurs en savent quelque chose), ils peuvent se perdre dans une quête insatiable de reconnaissance et en devenir esclaves.

Pour celui ou celle qui partage la vie de ce partenaire toujours tourné vers l’extérieur, construire un couple qui dure n’a rien d’évident. Car « l’un des grands arts de la séduction est de savoir interrompre la relation avant qu’elle ne perde, tant pour l’autre que pour soi-même, son mystère », explique Gisèle Harrus-Révidi. Les séducteurs donnent donc souvent l’impression – pas forcément fausse – de vouloir s’échapper, plongeant ainsi l’autre dans la frustration.

À ce sentiment vient parfois s’ajouter la souffrance de se sentir traité comme tous les autres, de n’être finalement qu’un parmi une multitude. Selon Lili Ruggieri, thérapeute systémicienne, « quand nous nous apercevons que la séduction à laquelle nous avons été sensible au départ finit par s’exercer sur d’autres, cela peut être douloureux ».