IMANY : «UNE INJUSTICE FAITE AUX FEMMES»

« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai souffert pendant mes règles. À 15-16 ans, j’avais mal au point de ne pouvoir ni me concentrer en classe ni aller en sport. Ma mère souffrait de règles douloureuses, mes sœurs aussi. Je pensais que c’était normal. À 23 ans, en vacances à Tahiti, j’avais tellement mal que ma mère m’a envoyée chez un gynéco. Ce médecin a reconnu les symptômes de l’endométriose. Une cœlioscopie a confirmé le diagnostic. J’étais dévastée : j’étais malade, il n’y avait pas de cure à cette maladie et je risquais d’être stérile !

Jusque-là, les médecins me disaient : c’est juste les règles et ils me mettaient sous pilule. Mais la pilule ne guérit pas de l’endométriose. Elle la masque. Quand, à 23 ans, j’ai arrêté de la prendre, les douleurs sont revenues de plus belle. On m’a proposé un traitement hormonal qui provoque une ménopause artificielle. La ménopause, à cet âge, je ne la conseille à personne. C’était horrible. J’ai repris la pilule, pour calmer les douleurs, mais je l’oubliais souvent. Alors je me suis rabattue sur les antalgiques. Pour pouvoir monter sur scène, avant les concerts, je prenais 5, 6, 8 Nurofen. On se construit sur la douleur. On ne va pas se plaindre tous les mois.

J’ai tenu comme ça jusqu’à ma grossesse, à 35 ans. Quand nous avons essayé d’avoir un bébé, voyant que cela ne marchait pas, nous avons consulté. Lorsque vous avez une endométriose, on vous propose très vite d’entrer dans un protocole de Fiv. Mais je ne me sentais pas la force de vivre cela en plus. Miraculeusement, je suis tombée enceinte l’an dernier. Au début, j’étais gênée vis-à-vis des centaines de femmes qui m’ont remerciée d’avoir fait mon coming out avec ENDOmind. J’avais le sentiment de les trahir. Mais depuis, j’ai réalisé que cela leur donne de l’espoir. Mon fils est âgé de 3 mois. Comme j’allaite, mes règles ne sont pas revenues. Pour la première fois depuis vingt ans, je n’ai ni la douleur ni la fatigue de la maladie. Je suis la mère la plus contente du monde. Après, c’est la grande inconnue. On ne connaît pas bien l’impact de la grossesse, comme on ignore les causes de la maladie, ses facteurs d’évolution, comment la traiter…

Je pense à toutes celles qui sont handicapées par des formes beaucoup plus sévères d’endométriose que moi, qui se retrouvent exclues, rejetées, isolées. À toutes celles à qui on a dit qu’elles étaient folles ou mythos, qui ont perdu leur travail à force de prendre des jours d’arrêt ou que leur conjoint a quittées parce qu’elles souffrent pendant l’amour et qu’ils ne comprennent pas. Je ne serais pas atteinte par cette maladie, je me battrais quand même. Car c’est une véritable injustice faite aux femmes. »