JULIE GAYET : « LES RÈGLES SONT NATURELLES, PAS LA DOULEUR »

 

« Lorsque la Dre Zacharopoulou m’a contactée, je n’avais jamais entendu parler de l’endométriose. Comment pouvais-je, à 43 ans, et m’intéressant à la santé des femmes, ignorer jusqu’à ce nom : “endométriose” ? Le soir même, j’ai appelé mon père, professeur de chirurgie digestive, pour le questionner : “Connais-tu cette maladie ?” “Absolument, j’opère beaucoup de patientes atteintes”, m’a-t-il répondu. Il est incroyable qu’une maladie qui touche plus d’une femme sur dix soit aussi méconnue. Il suffit de parler autour de soi pour se rendre compte que l’on connaît tous, sans le savoir, des femmes souffrant d’endométriose. Par exemple, la réalisatrice d’un film que je produis a eu un malaise lors des repérages.

J’ai pensé qu’elle travaillait trop ou qu’elle n’avait pas mangé. Mais quand je lui ai expliqué que je travaillais sur cette maladie, elle m’a dit : “Tu sais, j’ai de l’endométriose, quand je suis tombée dans les pommes, c’était parce que la douleur était insupportable.” D’autres proches, depuis, m’ont ap ris qu’elles étaient atteintes. Mais c’est compliqué d’en parler dans le cadre du travail, de prendre des jours de congés pour ses règles et même de l’évoquer… Il faut briser ce tabou. Quand Hillary Clinton, Susan Sarandon ou Lena Dunham ont témoigné sur leur endométriose, cela a modifié le regard sur la maladie aux États-Unis. Changeons-le aussi en France !

Pour moi qui suis préoccupée par la question de l’égalité homme-femme, ce tabou en dit long aussi sur les femmes : faute d’être entendues, elles prennent sur elles, elles font avec, elles serrent les dents… Il faut le rappeler : les règles sont naturelles, pas la douleur, c’est d’ailleurs le slogan de la campagne. Avec le Fonds pour la santé des femmes, créé par des gynécologues-obstétriciens et dont je suis la marraine, nous travaillons sur l’accès à la santé et la prévention.

Nous prévoyons d’intervenir dans les lycées à partir de l’automne, avec l’aide de la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, pour éduquer les filles dès leur puberté sur le fonctionnement de leur corps. Plus nous en parlons, plus les femmes seront écoutées et plus vite elles seront diagnostiquées. Libérons la parole. »