Des hommes malmenés
« La plupart du temps, quand un homme vient me consulter pour une panne de désir, je découvre très vite qu’il rencontre des difficultés dans son travail », remarque Ghislaine Paris, médecin sexologue. Les hommes sont parfois soumis à une telle pression professionnelle que toute remise en question a des répercussions sexuelles.
« Un homme s’était entendu dire qu’un stagiaire aurait pu faire son travail et qu’on le gardait parce que l’on ne pouvait pas faire autrement, raconte Sylvain Mimoun. Il s’est senti castré, et son désir sexuel a disparu. » Ce dernier n’est qu’une facette de notre libido et de notre désir en général, et son absence peut s’inscrire dans un contexte dépressif : l’homme n’a plus envie de faire l’amour, mais il n’a plus envie de grand-chose d’autre.
C’est le « syndrome du vieux mâle fatigué » décrit par Jacques Arènes : « Il a beaucoup de travail, des enfants fatigants, des problèmes d’usure de couple, et il doit arriver à renouveler le désir, avec la crainte d’une vitalité moindre et la peur de vieillir. » Une peur sourde qu’il convient d’entendre et de comprendre.
« Il y a toujours eu des hommes et des femmes moyennement intéressés par la sexualité, explique le psychiatre Philippe Brenot. Certains sont dans la sublimation, qui consiste à détourner l’intérêt sexuel vers un autre but de jouissance, dans le travail intellectuel, l’art ou le sport. Or, aujourd’hui, une prétendue norme nous impose d’être tous, tout le temps, passionnés par le sexe. Ce terrorisme donne des complexes à bien des hommes qui, du coup, s’en éloignent. »