Ces agacements tournent beaucoup autour des objets, de leur place dans la maison, mais aussi des manières de l’autre, de son rapport au temps… Au fond, il s’agit des habitudes de chacun.

La plupart de nos gestes quotidiens sont des automatismes – inconscients donc. Enregistrés dans notre mémoire implicite, ils résultent de notre histoire personnelle. De fait, chacun a la sienne et chacun a ses propres automatismes. Sur l’organisation, le rangement, etc., il n’y a pas deux personnes qui agissent de la même manière. Lui repassera ses chemises sur la table de cuisine en commençant par les manches, elle utilisera la planche à repasser et débutera par le dos.

La conséquence ? Un agacement mutuel. Vivre en couple, c’est le choc des microcultures de chacun. Or, le couple est une machine à produire une culture commune. L’agacement surgit donc au moment où l’autre révèle ses différences.

Dans votre enquête, les femmes semblent s’agacer plus facilement. Les hommes seraient-ils plus tolérants ?

Je dirais plutôt que les hommes expriment moins leur agacement. De manière générale, les hommes s’expriment moins sur les questions relationnelles et intimes. En réalité, quand eux-mêmes sont agacés, leur technique majeure, c’est l’esquive – ce qui, d’ailleurs, agace les femmes !Essayer de faire comme si de rien n’était, attendre que ça passe : c’est la grande stratégie masculine. Un des hommes qui a répondu à mon enquête dit de sa compagne : « Elle m’agace, mais surtout, elle me fatigue. »

Le mot est différent et le ressenti aussi. Il y a un jeu de rôle qui s’installe alors dans le couple : les femmes, en première ligne, sont extrêmement impliquées, elles se battent pour le couple, la famille. Derrière, l’homme n’est jamais à la hauteur, souvent assimilé à un enfant, d’ailleurs.